Restauration Mauser K98

Restauration Mauser K98
(celle-ci date d’une bonne dizaine d’années mais c’est la première fois que j’en fais l’exposé)
- Et désolé si c’est un peu long -

    Lorsque j’ai récupéré l’arme, elle venait de passer plus de 20 ans dans une cabane de jardin. Tout le bois était couvert de moisissures grises et avait un touché spongieux, tout le métal était couvert de rouille. Le canon était complètement bouché. (je n’ai malheureusement pas pensé à prendre des photos à ce stade).

Démontage

    Avant le démontage, j’ai pris un grand seau d’eau chaude avec lessive St Marc et je l’ai entièremement frotté avec une brosse à poils durs puis rinçage au jet et séchage.
Le 1er jour aucun démontage possible. La culasse est un peu ouverte mais totalement bloquée par l’oxydation. Je mets du dégrippant en quantité sur toutes les parties (normalement) mobiles et toutes les vis. J’en mets dans le canon, il faut la dose et plusieurs minutes pour que le produit finisse par apparaître à l’autre bout. Il faudra pratiquement une semaine pour tout débloquer et démonter sans rien abîmer.


Le Bois

    1/ Lavage en brossant avec une brosse dure (chiendent ou plastique, surtout pas metallique). Plusieurs lavages eau chaude avec lessive St Marc, et rinçages juste à l’eau chaude. Séchage une journée. Répéter l’opération autant de fois que besoin pour faire sortir toute la crasse.  
    2/  Séchage plusieurs semaines dans un endroit ni trop chaud ni trop sec. En l’occurence, suspendu dans un grenier.
    3/ une fois le bois sec, ponçage au papier pour bois (grain moyen puis fin). J’ai du re-laver car le ponçage a fait ressortir de la crasse, c’était poisseux. Donc ensuite re-séchage une semaine et re-ponçage ensuite.
Suite à cette opération, je pense avoir perdu pas loin d’1mm sur l’épaisseur du bois. Je crois m’en être bien sorti vu l’état de départ et visuellement on ne s’en rend pas compte.
    4/ Une fois satisfait de l’aspect du bois, application au pinceau d’huile de lin avec siccatif. Séchage au grenier encore plusieurs semaines jusqu’à ce que l’huile ai bien pénétrée et séchée. Ensuite 2ème application identique, le bois n’ayant pas été nourri suffisamment à certains endroits. Enfin 3ème et dernière application d’huile en frottant avec de la laine d’acier triple zéro et re séchage (je pense que j’aurais pu raccourcir certains délais de séchage mais à l’époque j’étais encore en activité et n’avais pas que ça à faire).
(Pour le bois, travailler toujours dans le sens des fibres)

Parties métalliques
(j’ai utilisé une méthode trouvée sur le net il y a pas mal d’années et que j’avais déjà testée)

    En premier lieu, j’ai tout passé à la brosse métallique, à la main sans trop forcer, juste pour enlever la rouille qui ne tenait pas. Je déconseille le papier à poncer qui raye le métal.

    Toutes les pièces métalliques suffisamment petites ont été mises à tremper dans des bacs dans le mélange suivant : 1 litre de vinaigre blanc dans lequel on dissout 5 cuillères à soupe de gros sel (augmenter ou diminuer la quantité de sel pour un décapage plus ou moins agressif. C’est sans doute moins rapide qu’avec certains acides mais c’est à mon avis bien mieux contrôlable, ça ne laisse pas d’odeur dans le temps et ça ne coûte pas cher).
S'agissant d'un mélange acide,
il ne faut surtout pas tremper les ressorts car ils deviendraient cassants.
(Pour les ressorts, trempage dans le pétrole et ensuite laine d’acier avec huile)

    On laisse tremper de quelques minutes à 24 heures selon oxydation. Pour moi il a fallu plusieurs jours en vérifiant régulièrement le résultat en brossant et en rinçant à l'eau et en changeant le bain autant de fois que nécessaire.

    Ensuite il faut absolument neutraliser l’effet acide (qui ne disparaît pas totalement avec juste un rinçage à l’eau. C’est pareil avec les autres acides). Il faut rincer les pièces avec un mélange d'eau et de lessive de soude (10 %). Laisser tremper la pièce une heure environ (pour encore plus d'efficacité, on peut laisser tremper 15 à 30 minutes, brosser et rincer à l'eau claire, sécher, puis retremper à nouveau dans le bain une trentaine de minutes).
Terminer en rinçant abondamment à l'eau claire et en brossant.


Pour le canon

Partie extérieure : Même méthode que pour les petites pièces. Comme je n’avais pas de bac assez grand pour le faire tremper, j’ai entouré le canon de papier absorbant largement imbibé du mélange vinaigre/sel et j’ai enveloppé le tout dans du film alimentaire pour que ça ne sèche pas. J’ai renouvelé l’opération sur plusieurs jours. J’ai agi de même pour la neutralisation à la lessive de soude et en plus j’ai aussi badigeonné directement avec un pinceau (pour bien atteindre toutes les zones) avant rinçage complet au jet.

Intérieur du canon : Comme l’intérieur était tout bouché de rouille et autres cochonneries, je l’ai déjà saturé de dégrippant. Dès que ça s’est ramolli, en tapant doucement avec un maillet, j’ai pu passer une première tige fine de métal pour aller de part en part. Ensuite j’ai passé une tige plus grosse jusqu’à pouvoir finir avec une baguette de nettoyage et un écouvillon laiton (plusieurs en fait). Avec l’écouvillon j’ai encore utilisé du dégrippant, puis pâte pour canon (je ne sais plus laquelle) et enfin huile. Cela a pris des heures pour en venir à bout. Bien sûr il n’est pas miroir mais il n’a pas à rougir de certaines armes que j’ai pu voir.

    Une fois toute la mécanique propre, dégraissage complet à l’acétone puis bronzage à froid de toutes les pièces (passage du produit au pinceau ou au coton tige, séchage, lustrage à la laine d’acier 000 huilée et finalement chiffon rèche et huile). Pour certaines pièces j’ai renouvelé l’opération 4 ou 5 fois. On peut faire plus si besoin.

Remontage

    Pas grand-chose à en dire, j’ai pu reprendre toutes les pièces d’origine. J’ai juste acheté une baguette de nettoyage car celle de l’arme était cassée au niveau du passe chiffon et une bretelle car celle d’origine avait complètement pourri.
    L’état général est tout à fait satisfaisant, il n’y a aucun jeu anormal.

Le tir

Je ne tire pas souvent avec. J’utilise des cartouches 8x57JS Sellier & Bellot SPCE 196 grs. Je ne parlerais pas de groupement (peut-être en raison du tireur ou pas) mais à 200 m ça ne sort pas de la C50.

Les marquages

     N° 1620 sur toutes les pièces sauf la culasse dont le levier porte le N° 6143 B (la sûreté drapeau porte le N° 1620).
     Le levier de culasse porte également l’inscription : P8 et la lettre Z dans un cercle.


     Sur le boitier de culasse :
     Sur le dessus marquage ce 41  : Donc fabrication J.P. Sauer & Sohn à Suhl (D) en 1941.
     Autre marquage sur le dessus du boitier : 41 D S et 3 fois 37 surmonté de l’aigle. Il y a aussi une minuscule étoile à 8 branches.
     Sur le côté droit marquages 359   57   37 tous surmontés des aigles. Ce sont les poinçons de contrôle Sauer d’après ce que j’ai pu trouver. Concernant le poinçon « 37 » on le retrouve sur toutes les pièces alors que « 359 » et « 57 » n’apparaissent qu’une seule fois sur le boitier.
    Il y a également un numéro « 79 » (à priori vu à la loupe) visible sur la dernière photo.

    Il y a aussi 2 moineaux à roulettes sur le côté gauche du boitier de culasse et 2 autres sous la crosse à l’arrière du pontet. Il y a aussi une petite inscription avec le plus gros des 2 aigles (le plus proche du pontet) mais elle est illisible (sans doute un N°).

    Si quelqu’un sait pour l’inscription DS, le P8 avec la lettre Z dans un cercle, le « 79 » ainsi que pour la petite étoile. merci d’avance. De même concernant la culasse, s’agit il d’un reconditionnement de guerre ou d’après guerre ?

Avant :
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Après :
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Marquages :
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Super boulot et très bel exemplaire [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

J'avoue il est bien revenu, félicitations



Et surtout merci pour le tuto de restauration, il devrait intéresser du monde.

Merci PP79 et Thomasda pour vos commentaires chaleureux, ça fait plaisir.
Quand je l'ai vu la première fois, j'ai d'abord pensé à le faire détruire par l'état ou le couper en 2 ou 3 morceaux et le mettre à la déchetterie. J'ai bien fait de me raviser. Comme quoi avec un peu de savoir et beaucoup beaucoup de patience on peut arriver à de belles choses.
J'ai encore quelques tutos ou infos, j'en ferai profiter à l'occasion.

Bravo c'est splendide!! Quel boulot!!

une Belle restauration très réussi

Bravo

Belle restauration !!! Bravo.

Ca aurait été dommage de charcuter une si belle arme.
Une très belle restauration.
A garder absolument, quitte à le faire neutraliser plus tard, mais à garder.